INEOS Styrenics est peu visible de la rue. Il faut dire que la société partage son entrée et quelques infrastructures avec la société Momentive davantage apparente de la rue. Nous sommes donc nombreux à mal connaître ce site industriel, qui a pourtant la particularité de fournir l’Europe en une matière essentielle à l’industrie du bâtiment : le polystyrène expansible (PSE). Après avoir passé le portillon d’accès sécurisé, Henri Amber, le Directeur de l’usine, nous décrit rapidement l’organisation du site. Globalement, la partie qui se trouve à gauche appartient à INEOS Styrenics, ce qui se trouve en face et au fond fait partie du groupe Momentive. Le reste des structures est partagé. C’est notamment le cas de la zone de réception de certaines matières premières, dont le styrène. Ce partage s’explique par la longue histoire du site de Ribécourt-Dreslincourt dans la chimie industrielle.
Un site chimique depuis les années 50
Dès les années 50, Rhône Poulenc a installé ses premières unités de production. Plus tard, dans les années 60, le groupe construit les premiers bâtiments qui permettront au groupe de fabriquer du polystyrène. Cette innovation, cruciale pour le secteur du bâtiment français au moment des trente glorieuses, fera la renommée du site. Dans les années 80, Rhône Poulenc se détache de cette usine qui deviendra finalement la propriété du groupe INEOS en 2005. Troisième entreprise chimique du monde, ce géant de la pétrochimie a été créé par Jim Ratcliffe, patron britannique et ancien ingénieur chimiste converti aux affaires. INEOS Styrenics est l’une des entités du groupe spécialisée dans le polystyrène expansible. Henri Amber nous indique que le groupe investit dans les industries de commodités. Cela veut dire que l’usine fournit un produit standardisé aux qualités parfaitement définies et connues des acheteurs. La compétition entre les producteurs passe alors par les prix avec des marges faibles comparées à celle pratiquées dans le milieu de la chimie. Mais au fil des ans, le site de Ribécourt-Dreslincourt a su trouver une spécificité qui va certainement refaire la renommée de l’usine : le polystyrène noir.
Un polystyrène noir aux propriétés isolantes accrues
INEOS Styrenics fabrique de petites billes noires de 1 mm de diamètre qui, après transformation par les clients, deviendront du polystyrène expansé noir (PSE). Il est utile de préciser la couleur, car c’est ce qui fait toute la particularité du produit. Si le polystyrène est généralement de couleur blanche, quelques usines commencent à produire un PSE noir. En effet, l’ajout de noir de carbone confère au polystyrène des propriétés isolantes plus importantes, de l’ordre de 20 à 25% supplémentaires. Comme nous l’explique Henri Amber, aujourd’hui, seuls trois industriels sont en mesure de fabriquer ce type de produit. Actuellement, 70 personnes travaillent pour INEOS à Ribécourt-Dreslincourt auxquelles ont peut ajouter environ 20 emplois indirects. Cinq équipes de six personnes font tourner l’usine 24/24 heures et 7/7 jours.
Un site classé SEVESO
Le polystyrène est fabriqué à partir de styrène, un produit dérivé du pétrole. C’est l’assemblage de plusieurs molécules de styrène (polymérisation) qui explique le nom de polystyrène. D’une capacité totale de 90 000 tonnes par an, les dix réacteurs de l’usine produisent actuellement 60 000 tonnes par an. La crise européenne du bâtiment a fortement impacté la production. Entre 2003 et 2013, 15 millions d’euros ont été investis par le groupe pour adapter progressivement les réacteurs au noir de carbone. Dans un contexte de restructuration mondial des capacités de production, cela a permis de sauver l’usine. Après deux années difficiles, l’objectif de 70 000 tonnes est envisagé dès 2015. Les matières premières arrivent par train ou camion. C’est le pentane, l’un des composants du polystyrène, qui vaut à l’usine d’être un site industriel classé SEVESO. En effet, il est hautement inflammable. Aujourd’hui, celui-ci transite par camion via le centre-ville. C’est pour cette raison que les élus de la CC2V ont choisi d’investir dans la création de la desserte industrielle.
